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Photo du rédacteurChristophe Verkest

La porte du ciel

Dernière mise à jour : 25 sept. 2023


Vue du stade de Lahore au Pakistan et de la foule face à l’équipe pakistanaise lors des championnats du monde de hockey sur gazon en 1990.
Quand on vous dit qu'il y a du monde dans les stades au Pakistan pour assister à un match de hockey sur gazon...

« Ladies and gentlemen, nous allons nous écraser sur l'aéroport de Nouvel Orléans... ». Jacques Higelin, « Mama Nouvelle Orléans ». Ça ne loupe pas, à chaque fois que j'écoute cette chanson, elle me rappelle un de mes voyages en avion. Certes un peu animé, mais de là à évoquer une catastrophe aérienne dont j'aurais pu être victime, il y a un grand pas. Que je vais quand même franchir allègrement, sinon ça sert à quoi de raconter des histoires...

Un voyage qui n'a rien à voir avec la Nouvelle Orléans puisqu'il m'amenait vers Karachi.

J'avais la chance de faire partie d'une délégation de journalistes que la Fédération française de hockey sur gazon (FFH) avait invitée aux championnats du monde de la discipline qui, en cette année 1990, se déroulaient à Lahore au Pakistan. Dans la délégation, j'étais un peu le provincial de service, puisque la FFH, profitant de la présence rare de l'équipe de France à ce niveau, n'avait convié que des journalistes de médias nationaux pour essayer de leur « vendre » une discipline qui, en France, reste très confidentielle. Au Pakistan par contre, comme nous allions le découvrir, l'équipe nationale réussissait à remplir des stades de 30 à 40 000 personnes. Pour vous donner une idée, dans l'Hexagone quand il y a plus de 100 personnes autour du terrain, tout le monde est content.

De la communication « one shot » dont on peut douter de l'efficacité.

Si le journaliste du Courrier Picard était du voyage, c'est parce qu'il restait un strapontin et surtout parce que dans le onze majeur de l'équipe nationale figurait six Amiénois. Ou, pour le dire autrement, l'équipe de France, c'était l'équipe d'Amiens légèrement renforcée.

C'était d'ailleurs assez surprenant – ou pas – ce casting de la FFH qui s'était échinée à inviter des journalistes qu'à l'évidence elle ne les reverrait plus jamais autour d'un terrain de hockey. De la communication « one shot » dont on peut douter de l'efficacité. Mais ça devait en jeter davantage d'embarquer un journaliste du Figaro et du Monde que des gars du Progrès, de Sud Ouest ou du Courrier Picard. Qui eux connaissaient un peu le sujet et auraient pu trouver là une motivation supplémentaire pour s'y intéresser encore plus après ce voyage. Mais peut être que je n'y connais rien en communication.

Du coup, un peu perdu dans cette délégation de journalistes, sur place j'ai aussi été le seul à bosser. Les autres ont fait du tourisme. Les plus consciencieux ont fait semblant de s'intéresser un peu au hockey et certains ont peut-être même écrit quelques lignes en rentrant, mais pas beaucoup. Ce qui m'a valu quelques difficultés à travailler parce que mes petits camarades de voyage voulaient retourner à l'hôtel dès le match terminé, ce qui ne me permettait pas d'utiliser les services, pourtant bien pratiques, du centre de presse du stade.


Accréditation presse de Christophe Verkest pour les championnats du monde de hockey sur gazon en 1990 à Lahore, Pakistan.

Je devais donc téléphoner mes articles depuis l'hôtel. Mais les communications étant ce qu'elles étaient à l'époque, il fallait payer assez cher, demander à la réception d'appeler votre numéro et donner à l'avance le temps de votre communication ! Ensuite, il fallait attendre dans la chambre. Environ deux heures quand tout se passait bien. Autant vous dire que je faisais fissa pour dicter mon papier, parce qu'une fois atteint le temps demandé : clac, fin de la communication et si vous n'aviez pas terminé, c'était reparti pour une longue attente.

Mais revenons dans notre avion. Jusqu'à Karachi, donc, pas de souci. Ça s'est gâté un peu après quand il a fallu prendre un autre zingue pour Lahore. On avait beau avoir nos billets, sans bakchich pas d'embarquement. Tout ça pour se retrouver dans un engin à hélices qui n'inspirait qu'à moitié confiance, mais qui nous a menés à bon port. Le meilleur était pour le retour.

Un retour que j'ai attaqué avec les intestins en vrac. Victime d'une semaine de cuisine pakistanaise, excellente mais un peu épicée. Ce qui m'a valu de ne rien réussir à avaler durant le trajet. Dommage ça m'aurait aidé à passer un peu le temps parce que ce fut long, très long.

Ce que j'ai bien saisi à un moment du vol, c'est que l'on tournait en rond

Étonnamment, nous avons survécu sans problème au vol entre Lahore et Karachi, dans le douteux engin à hélices, avant de prendre place dans un Boeing de la Pakistan Airlines, direction Paris-Orly via Francfort. Dans l'avion, l'ambiance était joyeuse. Nous voyagions en compagnie de l'équipe de France, de celle d'Allemagne et surtout de celle des Pays-Bas qui avaient remporté la compétition. Et comme Allemands et Hollandais entretenaient une sérieuse rivalité, j'ai cru comprendre que ça « brassait » fort. J'ai beau maîtriser un peu mieux l'Allemand que le Russe, je ne captais quand même pas tout.

Par contre, ce que j'ai bien saisi à un moment du vol, c'est que l'on tournait en rond. Et effectivement, le commandant de bord a fini par nous annoncer qu'un brouillard épais nous empêchait de nous poser à Francfort et qu'en conséquence, nous allions être déroutés vers Amsterdam. Ce qui a ravivé les échanges entre Hollandais et Allemands. Les premiers, comprenant qu'ils allaient arriver chez eux plus tôt que prévu, et surtout avant les Allemands. Accessoirement, ça retardait aussi les Français, mais visiblement ils s'en foutaient.

Nous voilà donc à Amsterdam. Quelques heures de pause avant de reprendre place dans l'avion. Qui ne décolle pas. Parce que des agents de l'aéroport s'affairent autour de la porte par laquelle nous rentrons – ou sortons – du Boeing. Ils arrivent visiblement à leurs fins au bout d'un long moment et nous voilà partis pour... Francfort, bien sûr. On s'y pose, on se débarrasse de nos Allemands et là, rebelote, des agents s'échinent à refermer la porte. Si j'y prêtais attention, c'est parce que je commençais à trouver le temps long. Mais ça ne m'inquiétait pas plus que ça. Jusqu'au moment où une hôtesse nous a avertis que, pour des raisons de sécurité, il valait mieux que l'on s'installe tous dans le fond de l'avion ! Sous entendu, loin de la porte.

Je ne suis pas un grand expert en aéronautique, mais je me dis qu'au fond de l'avion ou près de la porte, si jamais celle-ci s'ouvre en plein vol, ça ne doit pas faire beaucoup de différence. Bon, finalement la porte ne s'est pas ouverte puisque je suis là pour vous raconter l'histoire. Avec le recul (dans le temps, pas dans l'avion), je me doute qu'il n'y avait sûrement aucune chance – si j'ose dire – que cela arrive. Z'étaient quand même pas fous à l'aéroport. Par contre, à l'évidence, il y avait encore un petit effort de communication à faire chez Pakistan Airlines. Parce que sur ce coup-là, si l'hôtesse de l'air nous avait chantés « Ladies and gentlemen, nous allons nous écraser... », ça aurait fait à peu près le même effet.

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4 Comments


cvidal38
Apr 15

Je me demande si cette appétence amiénoise pour le hockey sur gazon ne venait pas d'un prêtre du petit séminaire, qui se trouvait à St Acheul. je l'avais rencontré lors d'une retraite pré-communion et j'avais surtout retenu son enthousiasme pour ce sport exotique, enthousiasme qu'il partageait volontiers avec ses élèves. C'était le Père Guisembert, je viens de retrouver son nom au fond poussiéreux d'un lointain tiroir de ma mémoire.

A part ça, je découvre avec plaisir ces chroniques de 40 ans de journalisme. Et retrouve avec intérêt un ... cousin. Car sauf erreur, je crois bien, Christophe, que nous sommes cousins. ( J'ai quitté Amiens depuis longtemps et vis désormais en Isère) A bientôt peut-être. Christian Vidal.

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Bonjour Christian, excuse moi pour cette réponse tardive, ta réaction m’avait échappé. Oui, c’est bien ton cousin qui a commis ces textes. Et oui la génération dorée du hockey sur gazon amiénois doit beaucoup au Père Guisembert. Ravi en tout cas de te compter parmi mes lecteurs !

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Christophe Verkest
Christophe Verkest
Feb 07, 2021

Oui bien sûr, Martin était du voyage. Un grand joueur et un bon mec effectivement. Qui a d’ailleurs par la suite assumé la présidence du club.

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Patrice Delrue
Patrice Delrue
Feb 07, 2021

Texte bien sympa ... et haletant de par son suspense. ;) Pour l'anecdote, tu as donc côtoyé mon copain de classe Martin CATONNET, capitaine de l'équipe d'Amiens et de l'équipe de France de l'époque. Un gars hyper sympa et d'une grande humilité qui, de par son sport, a visité une quantité incroyable de pays. :)

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