Honnêtement, ça n'a pas marché. J'eus pu dire « on ne va pas se mentir » pour employer une expression à la mode mais ne sombrons pas dans la facilité.
Donc, ça n'a pas vraiment marché. J'étais là devant ma télévision, sûrement comme des millions de gens, à stresser devant un match de hand, de basket, de volley, quelque soit le sport ça marchait à chaque fois. Je martyrisais mon coussin qui n'y était pourtant pour rien. Le palpitant s'accélérait.
Et puis là, arrêt sur image, je me suis dit « mon petit Christophe, ça ne va pas bien dans ta tête, si tu réfléchis bien, ton attitude n'a rien de rationnelle. »
Parce que voilà je me mettais dans des états pas possibles pour des gens que finalement je ne connais pas personnellement et avec qui je n'ai en commun que la nationalité. Et qu'en y regardant de plus près, je suis géographiquement, et sûrement culturellement, plus proche d'un joueur ou d'une joueuse de Liège que de celui ou celle de Marseille. Et ça marche aussi avec Utrecht et Perpignan, en tout cas pour ce qui est de la géographie.
Je poursuis la réflexion en me demandant bien pourquoi le fait de voir courir, sauter, shooter ces femmes ou ces hommes pouvait ainsi me faire perdre mon calme même si, heureusement, en garçon bien élevé et plein de retenue, puisée sûrement dans des origines flamandes, cette perte de calme ne nuisait, une fois encore, qu'à mon coussin.
Enfin bref, mon comportement me paraîssait bien étrange. Et c'est là que j'ai tenté une technique pour me calmer. Je me suis dit : « Christophe, dis toi bien une chose : que les Bleus – qui jouent parfois en blanc mais que les gens continuent à encourager en chantant « allez les Bleus » même quand ce sont les adversaires qui ont un maillot bleu, comme quoi ce sont quand même des rites étranges - Christophe, donc, dis toi que ces Bleus (ou Blancs), qu'ils gagnent ou qu'ils perdent ça ne va rien changer à ta vie, donc cool.. ». Et bien, c'est ça qui n'a pas marché. C'était sûrement frappé au coin du bon sens mais j'ai continué à être excité comme une puce.
Heureusement, avant de m'interroger plus avant sur ma santé mentale, j'ai regardé mon amoureuse, assise à côté de moi. C'est pas pour lui lancer des fleurs ou pour fayoter mais question rationalité, réflexion, pondération, c'est une vraie référence. Et je me suis aperçu qu'elle aussi avait déclaré la guerre à son coussin. Ça m'a rassuré. Plus on est de fous...
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