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Photo du rédacteurChristophe Verkest

Drôles de petites histoires

Dernière mise à jour : 26 août 2023

Articles de presse régionale dans les années 80.
Entre les reines de Missiriac et les pyramides d'Egypte, l'aventure est partout !

Pour être franc, je n'avais pas vraiment imaginé mes débuts dans le journalisme de cette façon. C'était au cours de l'été 1978 pour un remplacement au sein de la rédaction d'un hebdomadaire breton. Épisode que j'ai déjà eu l'occasion d'évoquer dans ce blog à propos d'une histoire de galette-saucisse et d'amour contrarié qui m'émeut à chaque fois que j'y pense (à l'amour contrarié, pas à la galette-saucisse). Lorsque l'on entame des études de journalisme, on rêve tous – je suppose – de grands reportages ou d'enquêtes approfondies pour des grands titres de la presse.

Moi, un de mes premiers reportages pour « Les informations de la Gacilly.Guer.Malestroit » a été l'élection des « Majestés locales » de Missiriac, charmant village du Morbihan. Autrement formulé, il s'agissait pour le comité des fêtes d'élire Miss Missiriac 1978. C'est ainsi que je me suis retrouvé dans un petit local communal face à trois jeunes filles, sans doute fort sympathiques mais qui - comment dire ? - ne correspondaient pas vraiment aux canons de beauté généralement prisés dans les concours de miss. Comme on est joueur ou on ne l'est pas, j'ai quand même fait mon petit pronostic tout seul pour savoir laquelle des trois allait gagner. Et j'ai perdu, puisque c'est celle que j'avais écarté en premier de la sélection qui a été élue. Il est vrai que je ne devais pas avoir les mêmes critères de jugement que le jury composé du président du comité des fêtes, du maire de la commune...et du curé ! En soutane, s'il vous plaît.

Cela dit, ne crachons pas dans la soupe, cette expérience bretonne où nous faisions les reportages textes et photos puis la mise en page jusqu'au bon à tirer à l'imprimerie fut sans nul doute extrêmement formatrice.

C'était déjà rigolo de se trouver en Égypte pour suivre un match d'un sport dont quasi personne n'avait entendu parler

Pour les voyages et les reportages à l'étranger, il suffisait d'attendre un peu. L'un des premiers que j'ai pu effectuer fut aussi l'un des plus étonnants. En novembre 1986, je me suis retrouvé au Caire pour couvrir, comme l'on dit dans notre jargon, pour le Courrier picard la première rencontre internationale de speed-ball qui opposait l'Égypte à la France. Vous dire pourquoi j'étais là serait une longue histoire, mais elle devait beaucoup au fait que le président de la fédération sportive qui gérait le speed-ball était un Amiénois et que la quasi totalité de cette première équipe de France - huit joueurs – était picarde.

Petite précision pour votre encyclopédie sportive, le speed-ball est une sorte de jokari, sauf que le fil, d'1,50 mètre de long, n'est pas élastique, qu'il tourne autour d'un axe fixé en haut d'un mât d'1,70 mètre de haut et, en un contre un ou en double, le but est de faire passer la balle deux fois devant l'adversaire sans qu'il n'arrive à la toucher pour marquer un point. Bien joué, ça va très vite...Voilà pour l'essentiel.

Outre que c'était déjà rigolo de se trouver en Égypte pour suivre un match d'un sport dont quasi personne n'avait entendu parler, la rencontre en elle-même allait débuter par une scène assez cocasse. Le chef d'orchestre de la fanfare militaire qui devait jouer les hymnes nationaux au sein du gymnase de l'école nationale de la police avait un petit problème. Il n'avait reçu la partition de la Marseillaise, par les bons soins d'un fonctionnaire de l'ambassade de France, que deux jours auparavant et n'avait guère eu le temps de la travailler avec ses musiciens. Il a donc demandé aux joueurs de l'équipe de France de leur chanter, dans un coin du gymnase, la Marseillaise afin qu'ils puissent l'avoir à l'oreille avant de l'exécuter en public. Je ne sais pas si ce sont les Français qui ont bien chanté ou si les musiciens étaient doués, mais ils s'en sont finalement bien sortis.

C'était assez particulier comme ambiance pour un déjeuner convivial.

L'expérience aidant, j'ai appris par la suite qu'il n'était pas nécessaire d'aller bien loin pour vivre des situations assez surprenantes. Comme lors du printemps 1991 quand un joueur russe de l'équipe de hockey sur glace d'Amiens me convie par téléphone, avec les quelques mots de français qu'il maîtrisait, à venir déjeuner avec lui parce qu'il a des annonces à me faire.

Me voici donc sur le coup de midi dans son appartement où lors d'une interview réalisée avec l'aide - par téléphone - d'un de ses coéquipiers qui parlait le russe, il m'apprend qu'il va quitter Amiens pour un autre club français. J'ai compris plus tard que, s'il mettait ainsi les formes pour annoncer son départ, c'était pour ne pas se fermer définitivement les portes du club amiénois, où il devait d'ailleurs revenir par la suite.

Et donc, une fois cette interview terminée, il me demande si je veux déjeuner. Comme c'est ainsi qu'il me l'avait présenté au téléphone, j'accepte. On ne va pas laisser les gens cuisiner pour rien.

Il m'invite à m'asseoir à table, table sur laquelle son épouse dépose une assiette. Une et une seule. Elle me sert à manger, son mari m'offre la vodka. Qu'il sort du bahut alors que moi je la garde au congélateur, mais je ne vais débattre de ça avec des gens qui s'y connaissent mieux que moi.

Je les interroge du regard et un peu de la voix : « Et vous, vous ne mangez pas ? ». Et sans plus d'explication, mon hôte russe me fait signe que non et m'encourage à manger.

Je peux vous dire que c'est assez particulier comme ambiance pour un déjeuner convivial. Je finis mon plat, l'épouse du joueur me sert un dessert et... enfile son manteau. Sans plus attendre, elle se plante, bras croisés, devant la porte d'entrée, qui en l'occurrence sera aussi la porte de sortie. Pour ajouter au tableau, je dois préciser que l'épouse en question, bien charpentée, avait par nature un air assez revêche que je retrouverai quelques années plus tard chez la douanière de l'aéroport de Moscou dont je vous ai déjà parlé dans ce blog. Bref, j'ai senti que ce n'était plus le moment de plaisanter et qu'il valait mieux faire fissa pour terminer mon dessert.

J'ai eu quelques jours plus tard l'explication de cet étrange comportement. Après m'avoir donné le rendez-vous par téléphone, le joueur avait été invité à déjeuner par un membre du club le même midi . Il n'avait pas osé décliner - ou proposer une autre date – mais n'avait pas voulu non plus annuler notre repas en commun. Enfin en commun... c'est une façon de parler.

Ah au fait, je n'ai pas pris de café après le dessert.

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