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Photo du rédacteurChristophe Verkest

Même pas honte !



Pieds d'une personne portant deux chaussures différentes.
Les objets du délit...C'est vrai que la ressemblance est frappante.

Bon là, désolé, il n'y a pas d'autres mots. Il faut quand même être un peu con pour penser ça. Même si ça a été fugace. Malheureusement, c'est de moi que l'on cause.

J'étais en train d'effectuer une petite séance de vélo d'appartement dans mon souplex. Si je vous place « souplex », c'est juste pour faire mon intéressant parce qu'avant d'emménager dans cet appartement je n'avais jamais entendu parler de souplex. Alors si je peux faire profiter de mes récentes connaissances : un souplex c'est comme un duplex, sauf que l'étage est en dessous. À la cave en quelque sorte. Oui voilà, c'est un sous-sol aménagé mais souplex ça fait tout de suite plus riche.

Bref, j'étais donc en train de suer sur mon vélo d'appartement et mon compteur indiquait qu'il ne me restait plus que deux minutes avant de terminer ma session. J'étais plutôt en forme et là, j'avoue, l'espace d'une seconde ou deux je me suis dit : « je vais accélérer comme ça j'aurai fini plus vite. »

Oups, on oublie, on oublie.

Allez, soyez honnête, ça a bien dû vous arriver une fois dans votre vie de penser – ou pire, de dire – une grosse connerie. Sans l'avoir voulu évidemment, sinon ça s'appelle une plaisanterie. De penser, de dire ou de faire. Comme lors de cette autre expérience et c'est encore sur moi que ça tombe. J'avais une paire de gants un peu difficiles à enfiler. Le genre de gants qui épousent bien les mains. Cintrés si j'ose dire. Bien aidé par ma main gauche, j'enfile le gant droit. Jusque là, pas de souci. Reste à faire de même avec la main gauche. Sauf que la main droite, elle, si vous avez bien suivi, est enfermé dans son gant. Et du coup, elle ne m'est pas d'un grand secours et c'est beaucoup moins pratique d'enfiler le deuxième gant. Euréka, j'ai la solution : j'enlève mon gant droit...

Le plus triste de tout cela, c'est que ce que je vous raconte s'est vraiment passé. Dans la vraie vie. La mienne.

L'auto-dérision est une des rares armes qui restent aux vieux pour se défendre

Il fut un temps où jamais, au grand jamais, je ne vous aurais raconté ces anecdotes. Trop la honte. Mais j'ai l'impression qu'avec le temps, on lâche un peu l'affaire et ce que peuvent penser les gens de notre petite personne nous passe largement au-dessus de la tête. Et puis l'auto-dérision est une des rares armes qui restent aux vieux (avec mes 66 ans, je me compte dans le groupe) pour se défendre. Avez-vous remarqué comment ils ont tendance à se moquer d'eux-mêmes ? Un bouclier contre les plaisanteries diverses et variées qui peuvent fuser sur le déclin de leurs capacités, elles aussi diverses et variées. Cela dit, comme je me suis sûrement largement moqué des vieux quand je n'en étais pas un, il serait malvenu de me plaindre aujourd'hui. Bien fait pour moi.

Mais je dois reconnaître qu'il y a quand même parfois des propos un poil vexants. Tenez par exemple lors des manifs contre la retraite à 64 ans. Sans vous parler du fond mais uniquement de la forme, entendre des slogans comme « Métro, boulot, caveau » ou « Après le boulot, l'EPHAD », ça laisse clairement entendre qu'à 64 ans, vous êtes soit mort, soit impotent. Alors à 66 ... Bon, voyons le verre à moitié plein et satisfaisons-nous d'être finalement des survivants, heureux d'être des baby-boomers qui, c'est bien connu, ont eu toutes les chances dans la vie.

Et toujours sans vouloir m'immiscer dans le débat sur l'âge de la retraite, lorsque, encore au boulot, on appelle de tous ses vœux le moment de la retraite, outre que l'on oublie que pour en arriver là il faut accepter de vieillir, on ne s'imagine pas tout ce que suppose cette nouvelle étape de notre existence.

Vous êtes un inactif, et tout le monde n'est pas doué pour cela. Moi, ça va, merci

À commencer par le fait qu'il va falloir se réinventer un rythme de vie. Quand on travaille, on se lève le matin et on va bosser. Pas besoin d'y réfléchir à deux fois. Et quand arrive les deux jours de repos hebdomadaire, il y a tellement de choses que l'on n'a pas eu le temps de faire que l'on n'a pas beaucoup de questions à se poser sur la façon dont on va occuper son temps libre. Bref tout est balisé. Alors qu'en retraite, point de repères. C'est vous qui dictez votre emploi du temps. Et ça nécessite d'y réfléchir tous les jours. Vous n'imaginez pas la charge mentale ! Vous n'êtes plus un actif, ce qui veut donc dire que vous êtes un inactif, et tout le monde n'est pas doué pour cela. Moi, ça va, merci.

Sauf à être un contemplatif capable de rester des heures le nez au ciel à écouter les petits oiseaux chanter, il faut trouver des occupations. Et tant qu'à faire, si vous êtes un poil exigeant avec vous même, à donner du sens à tout cela. Sans possibilité de se planquer derrière sa fonction professionnelle pour exister dans le regard des autres.

Ce qui a toutefois l'avantage, pour revenir à nos histoires du début, de pouvoir prendre le parti de rire de nos petits travers sans avoir à redouter l'opinion de notre entourage.

Allez, parce que c'est vous, je vous livre une dernière petite anecdote pour étayer mon propos. C'était l'été, un couple d'amis nous avait conviés, Carole et moi, à un apéro dînatoire. En fait un apéro qui s'est finalement prolongé par un petit barbecue , soyons précis même si ça n'a aucune importance pour la suite de l'histoire.

Nous avons donc passé quelques heures avec eux. Une fois rentré à la maison, je me déchausse. Je me déchausse toujours en arrivant chez moi depuis belle lurette, je n'ai plus aucun secret pour vous. Et c'est à ce moment là que je me suis aperçu que j'avais passé la soirée avec deux chaussures différentes. Mais vraiment différentes. Le sentiment de ridicule ne m'a pourtant même pas effleuré un instant et j'ai éclaté de rire. En me disant que c'était toujours mieux que de mettre les deux pieds dans le même sabot.




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2 Comments


Dans la même veine, il n'y a pas bien longtemps je suis allée avec Céline et Frédéric à Poissy. Arrivée au parking, en sortant de la voiture, je me suis rendu compte que j'étais en chaussons, ce qui ne m'a pas empêchée de faire notre partie d'escape game puis d'aller au resto. L'avantage c'est que je n'ai pas eu besoin de me déchausser en rentrant et ça a bien fait rire Céline.

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Ah, j’ai aussi une histoire avec des pantoufles. Un jour en sortant de chez moi, au moment de monter dans la voiture je me suis aperçu que ce n’était pas mon sac pour le boulot que j’avais à la main mais…mes pantoufles.

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